Introduction
L’Insuffisance Rénale Chronique (IRC) est une maladie chronique, touchant le plus souvent les hommes, qui évolue très lentement en altérant de façon irréversible le fonctionnement du rein amenant au stade évolué de mettre en place une dialyse ou une greffe. Il s’agit à ce stade d’une Insuffisance Rénale Chronique Terminale (IRCT).
En France, la prévalence de l’IRC est évaluée entre 7 % et 10 % de la population adulte et augmente de manière importante après 70 ans, âge de l’entrée en dialyse, d’où l’intérêt de la dépister tôt par la recherche de marqueurs biologiques et d’imageries adaptées.
Les facteurs de risque sont le diabète et l’HTA avec en commun l’obésité, le tabagisme et la sédentarité.
Certaines maladies, infections (sepsis), traitements ou intoxication peuvent favoriser le développement d’une IRC.
Objectifs thérapeutiques :
L’activité physique adaptée comme thérapeutique non médicamenteuse afin :
- De réduire la progression de l’insuffisance rénale avec une diminution de comorbidités.
- D’améliorer la condition physique afin de réduire les risques d’inflammation ou de stress oxydatif.
- D’augmenter la protection cardiovasculaire et les capacités cardiorespiratoires.
- De réduire les risques en calculant les apports en protéines, réduisant l’apport en sel, surveillant le poids et réduisant la sédentarité + arrêt du tabac.
Evidences
L’IRC ne se guérit pas mais il est prouvé que l’APA en endurance au minimum à 40 % de la VO2max apporte une amélioration sur le déconditionnement musculaire et cardiaque.
L’éducation thérapeutique répond au traitement optimal puis l’APA régulière et pérenne qui accompagne une modification des habitudes de vie sédentaire est une thérapie non médicamenteuse idéale.
Pendant très longtemps, la pratique d’AP a été interdite aux patients IRCT sous prétexte de laisser « se reposer » les reins fatigués. Il est maintenant prouvé qu’une AP adaptée n’aggrave pas et même améliore l’évolution d’une IRCT dialysée ou greffée par la pratique d’activités à intensité modérée et surtout l’exercice intradialytique qui rassure le patient par l’environnement médicalisé.
Les patients sous dialyse péritonéale peuvent, sous surveillance médicale, profiter favorablement de séance d’APA en surveillant les fuites au niveau du cathéter.
Les patients greffés doivent aussi profiter des bienfaits de l’activité physique en ayant un mode de vie actif.
A préciser aux patients insuffisants rénaux
- Si vous avez des anomalies concernant les dosages sanguins du potassium, du phosphore et du calcium se faire aider pour les menus par une ou un nutritionniste et/ou diététicien·ne.
- Lutter contre la sédentarité : au quotidien il est conseillé d’interrompre des périodes assises prolongées par au moins 2 à 5 minutes de mouvement (3 fois par jour) et de sortir de chez soi en marchant au moins 30 minutes par jour.
- Pas de séance d’APA ou d’efforts si la température corporelle est supérieure à 38°ou si une séance de dialyse a été suspendue pour raison médicale.
- Prendre en compte des signes cliniques des comorbidités associées (HTA, Diabète, etc.).
- L’amélioration ressentie interviendra après 3 mois de pratique APA.
Points d’alerte avant de prescrire
- Déconditionnement musculaire, prise de poids car œdèmes, fatigue musculo dynamique, sarcopénie.
- Absence de motivation ou angoisse de l’effort. Réaliser un entretien motivationnel.
- Prendre en compte le stade IRC ou IRCT, prendre en compte le traitement en cours (dialyse, greffe) prendre en compte la technique de dialyse et la présence potentielle d’une polykystose.
- Surveiller la zone de FAV et du greffon.
- Surveillance débit urinaire et protéinurie.
- Répondre aux difficultés géographiques, matérielles et financières.
Prescrire ou conseiller une modification thérapeutique du mode de vie
- Tous les efforts de type aérobie sécurisés qui sollicitent la contraction du maximum de muscles du corps en stimulant l’adaptation cardiaque.
- Tous les exercices de relaxation et de souplesse et d’équilibre sans bloquer la respiration pendant l’effort.
- Pensez à préconiser de bouger plus au quotidien en valorisant : la mobilité active à pied ou en vélo, le jardinage, le bricolage, la montée des escaliers de son immeuble ou dans les centres commerciaux (début progressif un étage).
Prévenir le professionnel encadrant
Demander un premier bilan d’évaluation afin de parfaire la prescription initiale dont un 6 minutes marche.
Préciser avec un langage commun et dans le cadre du secret professionnel partagé les attentes, les précautions de pratiques et le délai de retour d’expérience afin de vérifier l’atteinte des objectifs (3 et 6 mois).
Demander de vous signaler tous les événements évocateurs d’une dégradation de la condition physique et de l’adaptabilité cardio musculaire comme le dyspnée, la tachycardie, la toux à l’effort, la fatigabilité musculaire anormale… ou l’augmentation des œdèmes périphériques.
Fixer des objectifs « SMART » afin de pérenniser la pratique de l’activité physique et le développement des mobilités actives (SMART = Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réalisable, Temporellement défini).