Introduction
Le cancer est un groupe de maladies caractérisées par une croissance et une propagation de cellules anormales résultant de dommages de l’ADN causés par des facteurs internes et des facteurs environnementaux. 40 % des cancers résultent de l’exposition à des facteurs de risque liés à nos modes de vie et à notre environnement (tabagisme, consommation d’alcool, surpoids, alimentation déséquilibrée, inactivité physique et sédentarité).
Les données de la littérature décrivent un déconditionnement physique précoce chez les patients atteint d’un cancer pouvant aboutir à l’isolement sédentarisé. Que ce soit pour les cancers du sein ou de la prostate l’APA à un impact positif sur les effets indésirables des traitements hormonaux et plus globalement l’APA prévient de la perte osseuse et à un impact sur la survie et le risque de récidive de certains cancers dont le colo rectal.
Objectifs thérapeutiques :
L’activité physique adaptée comme thérapeutique non médicamenteuse pour :
- Diminuer la fatigue et la douleur,
- Relancer le métabolisme musculaire,
- Réduire les syndromes anxieux,
- Améliorer le pronostic.
Evidences
En prévention primaire l’activité physique (AP) régulière tout au long de la vie réduit les risques de développer un cancer, en particulier du côlon, du sein et de l’endomètre.
En prévention primaire pour tous les cancers en complément de la promotion de la pratique de l’AP, lutter contre les addictions (tabac, alcool) et le surpoids et obésité est un enjeu de santé publique.
FOCUS Cancer du sein : En 2015, Santé Publique France estime en France métropolitaine, qu’environ 15,1 % des cancers du sein chez les femmes de plus de 30 ans étaient attribuables à la consommation d’alcool et 4,4 % au tabagisme (Circ 2018). Selon cette même étude, 10,6 % des cancers du sein post-ménopausiques (femmes de plus de 50 ans) étaient attribuables au surpoids et à l’obésité.
Le cancer est une maladie correspondant à une accumulation de mutation de gènes contrôlant la croissance cellulaire. La fatigue est décrite par la quasi-totalité des patients porteurs de maladie cancéreuse or l’APA est le seul traitement reconnu contre la fatigue en oncologie car l’APA permet une sollicitation du couple muscle/graisse par une action sur les cytokines, qui entretiennent une inflammation chronique chez les patients cancéreux, c’est à ce niveau que l’impact positif de l’APA intervient sur l’évolution des cellules cancéreuses.
A préciser aux patients dès l’annonce du diagnostic ou en phase de rémission
L’AP améliore la qualité de vie dans ses différentes composantes : médicales, physiques, psychologiques et sociales elle a pour but de maintenir ou entretenir le niveau de condition physique facteur déterminant dans l’optimisation des traitements.
Dès la phase de prise en charge thérapeutique l’APA est capitale car elle améliore la tolérance aux traitements spécifiques. Elle diminue la durée d’hospitalisation et les complications postopératoires (cancer du poumon). Elle améliore la récupération de la mobilité de l’épaule après radiothérapie et n’aggrave pas les risques de lymphœdème après curetage ganglionnaire (cancer du sein). Elle limite la sarcopénie et la perte osseuse (hormonothérapie dans les cancers de la prostate et du sein).
L’APA agit sur la fatigue, les symptômes dépressifs, améliore le sommeil et plus globalement l’estime de soi… et réduit les douleurs.
En prévention secondaire et tertiaire l’APA est proposée par l’oncologue puis aux patients ayant achevées leur phase traitement et ayant retrouvé une condition physique et un tonus musculaire suffisants pour reprendre une APA.
► Pour en savoir plus : MOOC Cancer et APA by IRBMS
Points d’alerte avant de prescrire
- Connaître le futur programme d’inclusion de soins et le pronostic potentiel afin de proposer une APA raisonnable, évolutive et adaptative afin de pérenniser celle-ci.
- Tous les patients atteints d’un cancer justifient d’une évaluation médicale minimale avant une prescription d’APA et afin de pérenniser la thérapie d’un entretien motivationnel et éveiller l’intérêt des patients.
- Connaitre les comorbidités.
- Répondre aux difficultés géographiques, matérielles et financières, rassurer sur les compétences des acteurs.
Prescrire ou conseiller une modification thérapeutique du mode de vie
Convaincre le patient cancéreux de s’inscrire dans un programme APA doit faire partie d’une stratégie dès l’annonce du diagnostic et la proposition du Programme Personnalisé de Soins (PPS).
Tous les efforts de type aérobie sécurisés qui sollicitent la contraction du maximum de muscles du corps en augmentant significativement les dépenses énergétiques.
Pensez à préconiser de bouger plus au quotidien en valorisant toutes les formes de sorties en mobilité active et aussi de continuer leurs activités de loisirs ou sportives éventuellement en section sport santé.
Quelques situations particulières :
- En cas de stomie éviter les activités à chocs et adapter les horaires en fonction des repas. Vérifier la qualité de la poche et son adhérence.
- En cas de mastectomie accompagner la patiente afin de choisir un bon dispositif de soutien, éviter les activités favorisant la survenue de lymphœdème.
- En cas de fuites urinaires (prostate) conseiller de protections efficaces et le moins visible possible, éviter les activités à sauts.
- En cas de séquelles de radiothérapie ou cicatricielle évaluer les amplitudes non douloureuses.
Vous proposez une APA dans un cadre sécurisant, comme les Espaces Ressources Cancers (ERC), les centres de réhabilitations spécialisés, les séances avec un professeur APA, les associations dédiées au sport cancer, ou toute autre structure adaptée mais également au sein des établissements de santé. Prenez conseil auprès de l’oncologue de suivi mais favorisez la proximité des pratiques.
FOCUS Patient dénutri (la diminution du poids augmente significativement la morbidité globale) deux indicateurs de suivi : le premier, le poids en sachant qu’il faut limiter à 5 % en un mois et à 10% en 6 mois la perte de poids, le second est l’IMC avec chez l’adulte IMC<18,5 chez l’adulte et IMC<21 chez les plus de 70 ans. L’APA associée à une prise en charge nutritionnelle répond à cette problématique.
Prévenir le professionnel encadrant
- Demander un premier bilan d’évaluation afin de parfaire la prescription initiale.
- Préciser avec un langage commun et dans le cadre du secret professionnel partagé les attentes, les précautions de pratiques et le délai de retour d’expérience afin de vérifier l’atteinte des objectifs (3 mois MAIS délais raccourcis à la carte).
- Demander une prise en charge des situations particulières par exemple en cas de curage ganglionnaires post mastectomie prendre en compte l’adaptabilité du travail des membres supérieurs selon les recommandations médicales habituelles.
- Demander une surveillance de l’apparition d’une dénutrition.
- Fixer avec le patient des objectifs « SMART ».